A peine débarqués de l’aéroport, nous sautons dans le premier taxi, direction Mardin, ville historique du sud-est de l’Anatolie. En Turquie depuis 48h, me voici éjectée dans un autre monde : celui de l’Est du pays, aux confins de la Syrie et de l’Irak.

A travers les vitres du taxi, j’aperçois une inscription gravée sur la montagne proche. Ces mots se dessinent « Ne mutlu Turkum Diyene ». Je demande la traduction et un petit malaise surgit. Je n’aurai ma réponse qu’en sortant du taxi. « Dire que tu es Turc te rend heureux. »

Une des multiples touches du nationalisme Turc se dessine sous mes yeux écarquillés d’Européenne.

15 ans plus tôt, aucun touriste ne pouvait visiter cette région. La guerre entre indépendantistes Kurdes et militaires du gouvernement sévissait… Depuis quelques années, les voyageurs Turcs peuvent aller à la rencontre de leur patrimoine ; et les autres, se frayer un chemin hors des sentiers battus.

But du séjour à Mardin : séminaire d’arrivée des nouveaux volontaires Européens. Une cinquantaine de jeunes réunis pendant 4 jours dans un hôtel 5 étoiles. Tout ce faste me surprend; je ne comprends pas pourquoi nous sommes logés dans de telles conditions. J’apprendrai plus tard que l’Agence Nationale Turque, qui chapeaute le projet, est obligée de viser haut pour des conditions d’hygiène…

Du balcon de mon luxueux nid douillet, j’aperçois les avions de guerre dans le ciel poussiéreux. A quelques kilomètres de là, des hommes s’entretuent dans le Kurdistan Irakien. Et moi, et moi, et moi…je me demande bien ce que je fais là.

Et moi, et moi, et moi...

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